"Belle du Seigneur", l'ail et la chasse d'eau !

Lorsque j'étais à Dubai je lisais énormément et, ayant un temps fou à perdre, je me suis replongée dans "Belle du Seigneur" , monumental bouquin de 900 pages ! dont je n'avais jamais dépassé la page 100. C'est vrai faut être né de manipulations génétiques pour ingurgiter pareil mastodonte : naissance, vie et mort d'une passion. On s'attend à une fin terrible, mais non ! aucun des 2 héros ne souffre. Cela m'a toujours déçue !

Je crois que je n'ai rien compris à ce bouquin peut-être. Il ne m'a fait ni rêver, ni pleurer, mais je conseille de le lire , c'est la plus belle histoire d'amour jamais écrite à ce qu'il parait !(si on n'a pas autre chose à faire et ça fait marrer en plus).  J'explique.

Ben oui ces 2 amants, des "curés d'amour", Solal, un petit fonctionnaire, et Ariane une dinde bourgeoise, mal mariée, son brave con de mari cocu et sa belle mère idiote. Pour couronner le tout, c'est ce qui me fait marrer, des obsédés de la propreté. Fréquentation chronique des WC par les personnages masculins. A croire que l'auteur Albert Cohen avait des problèmes de prostate!  Et elle, Ariane la dinde, elle éteignait sa cigarette pour ne pas avoir les dents jaunes et l'haleine fétide avant son "coup de rein" avec Solal !

Là je me suis mise à réfléchir !

Vrai. Où est la frontière entre décontraction et laisser-aller ? On essaye d'être, au début d'une relation amoureuse, des demi-dieux, de masquer nos imperfections et de refuser de voir celles de l'autre. MAIS...mais , il faut se rendre à l'évidence, même l'être chéri a besoin de faire pipi ! Comment préserver le S.M.S  (seuil minimal de séduction), sans chasser le naturel ?

On ne dira jamais assez de mal des chasses d'eau, non pas inventés pour l'hygiène publique, mais pour décourager les amoureux !

On se rend aux premiers rendez-vous habillée comme une princesse et maquillée comme le crime parfait, on baigne dans le rose bonbon d'un roman de gare style Harlequin. Même lors des premières opérations rapprochées, on évite les écueils, on garde ses lentilles la première nuit au risque de se retrouver avec un décollement de rétine, on refuse de se démaquiller même si au petit matin le rimmel s'étale sur l'oreiller ! Bref, moyennant quoi, le pire est parfois évité la première fois. J'en vois qui rigolent .

On use d'artifices, on s'obstine. On s'arrange pour aller faire ses "ablutions" en montant le son de Radio classique !

Oui mais ensuite... la seconde fois ? Après avoir tenté de jouer miction impossible jusqu'au bout, on doit se rendre aux exigences de son corps !

On ose affronter le regard de l'aimé en sortant des toilettes! ENFIN ! Il a compris l'atroce réalité : l'être aimé, sa créature de rêve a besoin de faire pipi !

Ben oui et alors? Faut pas se noyer dans l'eau de rose. Roméo avait peut-être de l'aérophagie ce qui n'a pas empêché Juliette de le chérir et  Paul puait peut-être des pieds, mais Virginie l'aimait tout autant.

De toute façon il faudrait ne jamais oublier l'instant initial d'une rencontre. Tout y est inscrit dès la première minute, y compris la dernière (celle des adieux), dussent-ils survenir 3 semaines ou 30 ans plus tard. Tout y est promis, à commencer par le désir, c'est-à-dire l'illusion.

C'est vrai dans Belle du Seigneur, les deux connards s'acharnent névrotiquement à conserver une perfection de demi-dieux et déssèchent peu à peu leur relation, absorbés dans une lutte pour étouffer leurs gargouillis, planquer leurs éternuements, se moucher en cachette etc. De la psychanalyse ! Pas la vie courante ! Albert Cohen n'a jamais été amoureux ou quoi ? Quel blaireau ! Bon faut pas virer dans le sens contraire et devenir couple à la "Bérurier", le tout est de traquer les "tue-l'amour"; le "laisser-aller" étant différent chez nos mâââles que chez nous.

Aznavour chantait "Tu t'laisses aller". C'est bien une idée d'homme ça !  Car dans la course à la séduction je pense que les hommes partent avec un sérieux handicap ! Les femmes refusent d'abdiquer leur image de séductrice plaquée sur leur mise en plis depuis la naissance. Le cow-boy Marlboro avec ses effluves d'écurie et de crottin de cheval doit bien  transpirer des pieds dans ses santiags ! On l'a rarement vu en odorama au ciné !

Une seule règle : l'intimité ça peut se consommer mais avec modération !

Et puis qui a dit : "si toutes les femmes étaient belles sur terre, sauf une seule, c'est celle-ci qui serait la plus belle"...? 

...un homme très amoureux, c'est sûr !